Igor Dumont
Né le 8 août 1966 à Kolwezi d’une mère professeur aux Beaux-Arts et d’un père musicien, il découvre les couleurs dès son plus jeune âge. Des pinceaux dans les mains plutôt que des jouets … Il dessine en empruntant les magazines féminins de sa mère et acquiert très vite un sens des proportions et des portraits.
« Lorsqu’on tient son premier pinceau à 4 ans, on imite, on copie, on vole, on pioche… Vers quoi on tend… ? Ca… on n’en sait encore rien ! Il y aura bien des repères, des traces, des signes, des œuvres ? Œuvre : l’expression même incite à la réflexion… A évoluer, elles se révèlent n’être que des plans, des brouillons, versions successives ou variantes qui s’échappent dans la solitude de la création… Et puis il y a vous, spectateurs, élément extérieur à l’auteur, qui sans vous en rendre compte apportent corrections, modifications, suppressions, additions… Car il y a bien là, même muet, un dialogue, une conversation… »
Les études ne sont pas faites pour lui mais il les termine tout en s’évadant dans son monde secret qu’il traduit en expliquant qu’au monde il ne comprend rien mais que ça va mieux lorsqu’il fait un dessin !
Dans un premier temps, il fera son Tour de France en tant que apprenti-ferronnier d’art, métier qu’il exercera pendant 27 ans sans pour autant laisser tomber sa passion et, où bien au contraire, il découvre la sculpture en exécutant les moules de bas-reliefs, médaillons ou tête de rampe.
De nombreux voyages se succéderont tant en Europe (Est et Ouest) qu’en Afrique, durant ceux-ci sa vision du monde se complète, s’épaissit…
Avec la naissance du graffiti, fasciné par cet art ancestral, il l’inclut dans son travail au point d’y participer activement jusque sur le mur de Berlin ainsi que sur bien d’autres murs sous le pseudo de IdeM. Il est aussi un des premiers à faire entrer le graff dans ses peintures… Sa période « palettes » comme il l’appelle où ses supports sont de vieilles palettes de transport, des tôles rouillées ou tout autre support ayant déjà vécu dans lesquelles se croisent ou se mélangent les graffitis, la calligraphie, ses poésies et bien sûr… la femme. C’est une très longue période qui lui permettra d’exposer dans bon nombre de galeries européennes.
Beaucoup d’artistes lui emboiteront le pas des années plus tard, jusqu’au point où il n’y trouve plus son feu sacré. Car oui les jeunes qui arrivent sur la scène artistique ont de bonnes idées renouvelant les messages plus actuels au monde. Avec la vague Banksy, il s’arrête là !
Un accident, l’empêchant d’utiliser sa main droite durant un an et demi, sera un tournant décisif. S’il ne peut plus peindre durant cette période, sa curiosité, sa soif d’apprendre et de découvrir se décuple… Il est temps de faire le résumé de son chemin parcourus pour renaître mais il n’est plus question d’imiter ou de s’inscrire dans un courant existant… Fini les tableaux à messages.. Oui il reste un témoin de son temps mais le monde ne souris plus…
« Il se dégage quelque chose mais quoi ? D’où vient ce fil conducteur ? Où est la référence ? Il doit y avoir une mémoire inconsciente qui sommeille en moi ? Il est temps de regarder le chemin parcouru, de comprendre ce qu’il s’est passé à travers les Maîtres, les genres et les styles, les influences de la vie et de ses événements qui rythmèrent mon travail… Car je suis bien le témoin d’un temps : le mien ! »
« Il me fallait donc repartir de rien, l’esprit et les mains libérés de dogmes adolescents et immatures, comme si je ne savais rien, ni peindre, ni même dessiner… Aller là où il n’y a plus de faux-semblants, plus d’artifices inutiles qui ne flattent que l’égo… »
Une matière qu’il découvre grâce aux mouleurs deviendra son vecteur d’expression… Personne ne l’utilise encore en peinture et pour cause elle est barbare et difficile à maîtriser…
« Et puis un jour… quelque chose apparaît, qui t’explose en pleine figure… et là… tu ne le lâches plus !! Cette chose qui me demande d’aller au bout d’elle, de l’apprivoiser, de la découvrir et de la révéler… Là tu comprends que jusqu’à la fin de tes jours tu devras tout faire pour la sublimer… »
Mais il la peaufine jusqu’à découvrir un procédé secret… A 50 ans, il sait qu’elle sera son vecteur jusqu’à la fin de ses jours car elle n’a pas fini de le surprendre et lui de la découvrir au travers de leurs conversations…
« Il me fallait pourtant bien des indications et quelques leçons pour entreprendre mon voyage avec ELLE ! Comme dans une histoire d’amour, il nous faudrait comprendre qui nous sommes, s’éloigner et revenir, s’aimer et se disputer, rester humble et excuser mes maladresses aussi…
De cette (re)naissance, j’entrepris de converser avec les Maîtres dans l’idée qu’ils avaient déjà tout inventé tout créé… De retrouvailles en rencontres, ils me révélèrent que ce n’était qu’une apparence et une apparence seulement … Car l’émotion se renouvelle comme en amour… »